samedi 25 août 2012

- 25.08.12

Avant, il y'avait ce fait immuable qui forgeait mon identité, me rendant distincte des autres. Ce fait, c'était l'écriture. 

J'en ai acquis le goût en même temps que la lecture, ce qui me rend aujourd'hui incapable de me rappeler les premières histoires que j'imaginais et posais sur le papier. Je suis sûre de me souvenir du soin que je mettais à décrire les personnages, des dessins que je faisais pour les représenter. Sûre de mon jugement, je ne présentais pas mes oeuvres à mes parents ni à aucun adulte de ma connaissance ; je les laissais parler entre eux de mon brillant avenir d'écrivain.

Au fur et à mesure des années, je n'ai cessé d'écrire : de feuilles volantes je suis passée à des cahiers, puis à un écran d'ordinateur. Mon perfectionnisme et surtout, mon manque de volonté faisaient que je ne terminais aucune de mes histoires mais qu'importe : je m'amusais ainsi. Seulement autour de moi, on ne croyait plus guère en moi. A l'école, j'avais toujours été une excellente élève sans fournir le moindre effort, seulement ce n'était plus suffisant. Mes notes chutaient. Ma mère voyait d'un mauvais oeil le temps que je passais à écrire, alors que j'aurais pu l'utiliser plus intelligemment à réviser mes leçons. 

Ecrire est devenu, pour mon entourage, au mieux une bonne blague lors des réunions de famille "à quand le livre ?", au pire une nuisance. Il s'agissait pourtant d'une nécessité : c'était pour moi un moyen de communication, en plus d'un lieu de création. J'ai toujours été plus claire à l'écrit qu'à l'oral, où je peine à révéler mes faiblesses et mes émotions. Le considérer comme une nuisance signifiait, en résumé, refuser de m'écouter. Je m'y suis faite, un temps. Avoir des blogs comblait mon besoin de m'exprimer.

Je suis rentrée en 1ère année de fac, j'ai abandonné les blogs. Je suis tombée amoureuse, j'ai abandonné l'écriture. Mon esprit était tout entier empli d'autres choses : de petites histoires je suis passée à l'Histoire ; et lui, encore et toujours, moi qui avais toujours méprisé ces jeunes filles niaises. 

Ma deuxième année de fac fut difficile, à tous les niveaux. J'allais mal, mais j'avais perdu l'écriture. Je tentais de me remettre à des histoires, des phrases toutes simples même : je les trouvais mauvaises, sans styles, ordinaires. Moi qui avais toujours estimé être différente par ce biais - ô, pas beaucoup, juste un peu -  m'apercevais de la banalité de ma prose. 

Je m'étais donnée toute entière à l'écriture. Maintenant qu'elle se retirait, que pouvais-je devenir ? Qu'étais-je, au fond, de plus que l'humanité entière ? A quoi pouvais-je me raccrocher ? Ces questions continuent de tourner dans ma tête - et bien sûr, je n'en ai toujours pas la réponse.

1 commentaire:

Camille a dit…

Oh oui, reconstituer un monde sur ces pages qui s'offrent...
Relire les carnets d'il y a quelques années, je ris de mes maladresses, de ces détails que je peine à raconter.
Mais on ne fait sans doute pas mieux, n'ayant pas assez de recul pour le savoir...
Attendons le futur!